Ah là là, vous êtes ben de votre génération, vous autres. Toujours l'argent facile. Et tout de suite si possible.
Alors que LA solution crève les yeux: Il suffit de travailler.
Ben quoi, qu'est-ce que j'ai dit?
Hé oui, se taper des chantiers jusqu'à pas d'heure, manger des nouilles, se fringuer chez Emmaüs, et racler le budget quotidien jusqu'à l'os, c'est de ça que je parle.
Une forme d'ascétisme, en somme. Au bout d'un moment à ce régime, on est enclin à relativiser les besoins. Du genre: "D'ici à ce que le bateau soit fini, les enfants seront partis", "pourquoi deux mâts si un seul pourrait suffire?", "ma quille longue emmènera le bateau tout droit, je ne n'ai pas vraiment besoin d'un pilote, juste un régulateur"; "Un frigo? c'est bien mais faire ses conserves c'est bien aussi. Et pour la bière, ce sera à terre avec les copains. Picoler en solitaire, c'est pas bon".
Et à force, le bateau rétrécit, rétrécit, devient de plus en plus réalisable tandis que la caisse se remplit.
Si les rêves de grandeur subsistent je suggère de mettre:
1) Ses idées et son égo à l'épreuve du feu.
2) Son égo et ses burnes au congélo.
(Oui, l'égo, quoique souvent démesuré, obéit malgré tout aux lois de la mécanique Quantique régissant (on le croit) l'infiniment petit qui suppose qu'un même objet peut parfaitement être à deux endroits à la fois.)
Je peux garantir que le traitement est d'une redoutable efficacité, surtout concernant les parties de la deuxième partie.
Dans la bataille, on voit que finalement on a baissé ses prétentions de 25%.
De 12m on est descendu à 9m.
Et c'est là qu'est le miracle. On est déjà propriétaire d'un fier navire de 9m. Il n'y a plus qu'à vendre tout le bordel et coller les mômes en pension et le monde est à nous.
Peu de choses à faire: Le plein de bouffe et de bouquins,mettre un poele, peut-être, revoir les voiles et le gréement et coller un bon coup d'égoïne dans cette étrave qui dépasse, vestige fumeux d'une vision de la découverte du monde, et qui tôt ou tard t'enverra dans une jetée ou un voisin de mouillage par manque à virer.
Bon, c'est vrai, ce n'est que ma vision du grand départ et je ne ménage pas trop les susceptibilités de chacun
, mais je m'appuie sur un fait maintes fois vérifié: Plus le bateau est petit et les moyens modestes (j'ai pas dit nuls), plus il va loin.
Le bois, c'est comme du contreplaqué massif en plus beau.