Le carbone... A une époque, j'avais fait pour un copain des arbres de rotor d'hélico modèle réduit en enfilant de la mèche de carbone en la tirant au travers d'un tube, avec un fil à mi longueur de la mèche imprégnée. Le tube était détruit ou pas après durcissement. L'idée était que la mèche se trouvait comprimée et essorée en entrant dans le tube. Le résultat était étonnant de légèreté et de résistance. Et puis c'était cassé ou dans l'axe, mais jamais faussé, jamais tordu (mais ça, pour nous ce serait plutôt un défaut). Utilisé comme on le fait généralement sans pression contre une paroi, il faut du savoir faire ou de la chance pour en tirer un réel avantage, et les défauts l'emportent sur les avantages. A poncer, c'est un un enfer.
J'aime bien ce qu'écrivait Henri Mignet (créateur du Pou du ciel, un des premiers ULM proposé sur plan pour auto-construction) concernant le chois des matériaux.
Je le cite :
"Matériaux.
Vous chercherez inutilement ici les matières premières "Aéronautiques". J'ai choisi un bois qui se trouve chez tous les marchands de bois, charpentiers, menuisiers : le sapin de nos meubles et de nos charpentes de toitures. Les dimensions sont en accord avec son coefficient de résistance. Si vous trouvez du bois américain : spruce, orégon, tant mieux.Poids analogue, solidité augmentée...
Ne changez rien aux dimensions : vous économiseriez quelques hectogrammes... La belle affaire !
Dans le métal, je me suis placé dans le cas le plus courant, le plus à la portée de l'amateur de village. J'ai choisi la tôle d'acier doux parce quelle se perce, se lime, se plie sans précautions spéciales. Je rejette rigoureusement l'emploi de l'aluminium plus ou moins durci dans les ferrures vitales, dans le haubanage des ailes par exemple.
Un seul métal pour l'amateur : Tôle, tubes, tiges étirées ou filetées, boulonnerie décolletée : en acier doux de chez tous les quincaillers.
La tôle douce mariée au bois par de petits boulons supportera indéfiniment les vibrations et les résonances.
Vive le fer ! vive le bois !"
Evidemment, l'aviation légère ne connait pas les soucis de la corrosion en milieu salin qui sont les nôtres, mais c'est l'esprit qui est à méditer, pas la lettre : préférer des matériaux facilement accessibles, quitte à ce qu'ils soient un peu moins performants que ceux dits "nobles" , en surdimensionnant pour compenser si nécessaire. Certains matériaux "nobles" ou "Hi tech" ne seront pas forcément performants si ils ne sont pas utilisée à bon escient, ils seront juste plus flatteurs et plus difficiles à trouver. Personnellement, j'adhère totalement. Cela m'attire à l'occasion la désapprobation des puriste, mais chacun ses priorités et sa vision des choses.
Des Pou du ciel volent encore et la réputation de cet engin ne fait pas état de problèmes structuraux particuliers alors qu'à l'époque le clouage était utilisé pour certaines parties, et l'époxy inconnue.
Pour moi le carbone et le verre sont comme l'aluminium et l'acier doux des lignes de Mignet : Mieux vaut un matériau courant qu'on connait qu'un matériau miraculeux sur le papier, dont on ne saura pas tirer vraiment parti.
Vive le bois, vive le verre !