les eaux intérieures

Forum pour nos marins d'eau douce

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alien
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les eaux intérieures

Message non lu par alien »

Il n'y a pas grand chose de commun entre naviguer sur les vastes océans et parcourir fleuves rivières et canaux.

Au milieu de la mer on peut choisir son cap de 0 à 360°.

Sur les voies navigables, on a un choix assez simple : c'est amont ou aval.

Le seul problème est de rester au milieu du chenal et de temps en temps se croiser sans anicroche.

Les paysages sont splendides mais plutôt répétitifs. On les traverse lentement. Alternance de nature sauvage, plantations de peupliers centenaires sur des kilomètres, friches industrielles, veaux vaches cochons, ...

En mer, on choisit son cap, on branche le pilote et on va se coucher à moins de vouloir faire du bateau. En rivière, on apprend vite qu'un bateau n'avance jamais droit et que le chenal n'est pas rectiligne. Il faut donc une victime pour barrer afin que dans le zig on parte dans le zag et réciproquement.

La principale attraction, c'est le passage des écluses. Il y en a de tous les genres :
- automatisées avec des robots qui vous engueulent
- manuelles avec un éclusier qui arrive à bicyclette après une demi heure d'attente
- rapides avec des gros remous
- pas rapides car l'éclusier attend tous les bateaux qui sont dans le bief avant de sasser.

Si la majorité des bateaux qui circulent sur les voies navigables n'était pas des bateaux de location, tout serait parfait.
Mais le locataire moyen qu'il soit teuton, viking, hélvète ou nord américain, en veut pour son argent. Si il a loué un bateau de 12m, il n'acceptera pas que les plus petits bateaux entrent dans l'écluse avant lui. Il en sortira le premier quitte à attendre les autres à l'écluse suivante.

Enfin bref, c'est très monotone . On peut s'ennuyer assez vite.

Le bateau idéal ?

sOn est un peu comme sur l'autoroute, on compte les kilomètres en attendant l'arrivée.
Il faut de la surface de pont pour se déplacer et effectuer les manoeuvres.
A l'intérieur, il faut pouvoir faire une sieste sans avoir à replier la table.
Un orage ou une grosse averse : pas de panique, on s'arrête et on peut vivre normalement à l'intérieur.

De la conception des bateaux :
- la vitesse étant limitée, pas la peine de de prévoir des CV. En contrepartie, si on veut du confort (genre eau chaude) un moteur fixe sera bien venu. Assez sobre, il assurera la propulsion et le confort.
Il y a pas beaucoup d'espoir de trouver une prise 220v au bord des canaux pour recharger des batteries ou réchauffer l'eau.
- rivières, canaux ou écluses, les berges sont souvent en pente. Les bouchains vifs vont souffrir.
des solutions simples pour se compliquer la vie
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to
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Re: les eaux intérieures

Message non lu par to »

Ma modeste expérience de navigation fluviale a eu lieu cet été, sur un Rennes-St Malo en ...3 jours et demi ! Sur un dériveur intégral, en mission convoyage. Donc certainement pas le bateau idéal, mais rapidement on prend le rythme, très lent, très très lent, juste entrecoupé régulièrement par des écluses, de très nombreuses écluses. Après la première journée, 10 h de moteur avec juste une halte pour laisser le temps aux éclusières (charmantes :smt061 ) de déjeuner, j'étais à 30km de chez moi :roll:

Il y a eu des moments de rêverie, de contemplation, et deux secondes d'inattentation :smt015 qui nous ont propulsé doit sur la berge, 7 tonnes posées sur la caillasse ! C'est quand la prochaine marée haute ? J'vous dis, laissez tomber les batobois, rien ne vaut la ferraille :smt025

L'avantage du canal d'Ille et Rance, c'est la proximité de chaque écluse, qui permet de retrouver un semblant de civilisation (les éclusières charmantes sus-citées). Dans le bief de partage le plus long, l'impression de solitude et d'éloignement commençait à nous faire délirer, on croyait entendre au loin un air de banjo nous rappelant Délivrance :smt063 ...

Après l'arrivée sur St Malo dans le brouillard et le froid comme il se doit, le mat et les voiles sont vite hissés, et bizarrement le bateau redevient vivant, il gîte, il tangue. Deux navigations complètement différentes. :smt039
Je suis un acrobate masochiste ordinaire.
Accessoirement président de l'asso, modo, webmaster.
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Re: les eaux intérieures

Message non lu par Lossamouil »

Début des années 1970... (culotte courte, bastingage - de 90, quand même - au niveau du menton...)
Au fond de la baie de l'Aiguillon, se jette la Sèvre Niortaise, jolie rivière pleine de méandres et de méandres. Pour parvenir au port "intérieur" de Marans (qui fut naguère côtier : grâce aux Hollandais, le Marais Poitevin s'est avancé dans la mer), il faut, après quelques méandres de la Sèvre, franchir des écluses, "le Brault", puis naviguer quelque peu sur un canal bien droit.
A l'époque dont je parle, il n'existait pas encore le "nouveau" pont basculant, en aval des écluses. Le franchissement routier se faisait alors par un pont pivotant situé à l'aplomb des écluses amont.
Ces fameuses écluses étaient (et "sont" toujours, je suppose), horriblement mal fichues, avec les quais du sas inclinés à 45°. Pourquoi ? Mystère... Encore une lubie d'ingénieur mal embouché... En attendant, impossible de stabiliser le bateau pendant le sassage, assez violent par ailleurs... Je ne me souviens pas, sur les dizaines et les dizaines de franchissements, si nous avons réussi une seule fois à tenir le bateau dans l'axe...
Nous faisions du charter, en général en partant de La Rochelle, et, après deux semaines de navigation autour des îles d'Yeu, Belle Ile, Houat, Hoedic et le Golfe du Morbihan, nous rentrions à Marans.
A chaque fois, mon capitaine de papa ne manquait pas sa petite farce envers les passagers, en leur flanquant une bonne frousse.
Le port de Marans, même s'il est situé à l'intérieur des terres, répond malgré tout au statut de port maritime. Pas besoin, donc, et heureusement, de démâter. Mais, à mi-parcours du tronçon de la Sèvre, il y a une énorme ligne électrique en haute tension qui traverse. Les fils passent bien entendu largement au-dessus des 45 m réglementaires.
Mais, avec le grand mât de notre ketch qui pointait (seulement) à 17 m au-dessus du pont, il y avait un effet d'optique, dû en partie à la différence de diamètre des câbles électrique et de nos haubans, qui semblaient alors identiques. Cet effet d'optique nous interdisait de savoir si ça allait passer ou non...
Dialogue entre le barreur complice et le capitaine :
- Dis-donc, t'as vu la ligne électrique ? Elle était là la dernière fois ?
- Ah non ! Tiens ! Tu crois que ça va passer ?
- J'en sais rien, mais c'est vachement bas...
Et réduction des gaz, plus un petit coup de marche arrière, et on court en panique à l'avant du bateau pour avoir un angle de vue différent, et on essaie d'évaluer la hauteur en visant un angle fictif créé par les deux index, et on revient en hurlant à l'arrière du bateau, et tout et tout...
Pour rien au monde, malgré mon âge peu avancé, et celui encore moins avancé de ma sœur, nous n'aurions vendu la mèche...
Oh l'angoisse sur la figure des passagers, se voyant déjà grillés, coincés entre le 240000V, le haubanage en acier, et la flotte qui fait masse !... Ah je peux vous dire que pas un ne se tenait à une pièce métallique !... Et qu'ils serraient très fort les dents (autre chose aussi, je suppose, mais je ne suis jamais allé vérifier...) !...
Un gentil punch à quai à Marans, avec explication de la blague, remettent tout en ordre dans l'esprit de tous (à consommer avec modération...).

Ce qui est curieux, entre la navigation fluviale et la navigation en haute mer, c'est effectivement la notion de répétition.
Sur un cours d'eau, le paysage change en permanence, et pourtant, paradoxalement, ça semble répétitif.
En pleine mer, quand vous avez un cercle de 12 miles de rayon tout autour de vous, même si c'est depuis des jours et des jours, ça ne semble pas répétitif, et pourtant, c'est bel et bien quand même toujours un peu pareil... Ou alors, c'est que vous n'y faites pas attention, préoccupé peut-être, ou simplement occupé, à tenir votre équilibre dans les vagues, à ne pas rater votre tambouille sur ce p...ain de réchaud à cardan qui fait davantage office d'accélérateur à particules que de stabilisateur, à vérifier la tension des écoutes et des hâle-bas, à vous cramponner à ce fier compas qui reste votre seul contact de référence dans cet univers en mouvement perpétuel, à refaire mentalement les calculs de votre dernier point, à reprendre une épissure au bout d'une amarre... ou à vous en f...tre royalement, complètement étalé sur le roof devant la timonerie, un peu à l'ombre de la grand-voile, l'esprit vagabondant si loin au-delà des vagues et du dos des dauphins...
Voire, mais nous eûmes soif !...
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Luc
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Re: les eaux intérieures

Message non lu par Luc »

Je me suis promené et j'ai trouvé ce post.
Vraiment dommage que l'on ne puisse pas "capter" les messages du forum pour en faire un livre. (si un pro du clavier sait comment faire...)
Peut être que l'eau canalisée n'est qu'un moyen de transport, une sorte d'outil à grande échelle.
Et peut être aussi que la plaisance un peu osée est autre chose que de la navigation de travail.
Du coup, pour un même référant, il existe deux clefs de lecture.
Merci pour ces instants de rêverie au long des canaux tranquilles (mais pas toujours).
mon dius, fasetz-me la graacia de plan viure a de plan morir
JIBI
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Re: les eaux intérieures

Message non lu par JIBI »

Bonjour
L'eau-ça-mouille a encore raconté .... c'était très bien... je connais assez bien les méandres de la Sèvre Niortaise... juste avant le Pont du Brault ( frontière Vendée/Charente maritime) et bien au delà... mon premier bateau (Pointe d'ail) a été construit a Marans....
Quand j'étais encore jeune et beau...!!! j'ai proposé a ma chère et tendre (la marraine de TAKKA) quelques balades nautico-bucoliques....
Dans les années 1980/90 nous avons faits des ballades semi-nautiques dans le coin ....(Juillet/Aout).
>> Schéma = Elle marche sur le bord (chemin de halage) + Je "rame" sur la rivière avec Pointe d'ail et tout le saint-frusquin a bord (couchage + provisions + eau ..etc..etc).. on s’arrête ou/quand on veut...
>> Plusieurs virées -St Savinien/Charente -- Angoulême.... via la Venise Verte et un bout du canal de Nantes a Brest (Josselin / l'Erdre )
---- Remarques pratiques ---
1 -- Choisir des portions ou les chemins de halage existent bien (sinon haies/clôtures/ronces assurées) a lire sur les cartes idoines.
2 -- Aborder la berge pour y camper (sauvage) est quasi impossible ... les seuls endroits ou la berge est accessible sont les points d'eau pour vaches patureuses = 45 cm de boue épaisses et gluantes....tout autour ... des ronces....reste les abords de villages et d'écluses..
3 -- Le ravitaillement demande facilement 1/2 h de marche (par sens) jusqu’à la prochaine boutique/épicerie/boulangerie de campagne... avec horaires TRES variables .
4 -- La synchronisation Marcheuse /Rameur est bonne ...2 / 2,3 nœuds = 4,5 Km/h... on avance ensemble..
5 -- Les très rares visiteurs croisés (VTTistes et marcheurs/joggeurs) sont très étonnés.. et assez sympa.
---- En Une semaine de balade sur le canal de Nantes a Brest autour du 15 Aout ..nous avons croisé
= une famille batave (Papa+Maman+1 garçon 6 ans+1 fille de 3ans+2remorques a vélo-trés-bien-équipées) ...
= et un ex-prefet marcheur (et très bien élevé) sur 25 km ----
6 -- Les seuls vrais "fâcheux" sont les (nombreux) pécheurs a la ligne .... qui vocifèrent des qu'un modeste canot risque de "frôler" leurs lignes a plus de 10 mètres... des Bœufs/Bof quoi... :smt086
7 -- Un fond-plat est très avantageux pour cabaner a bord -- surface au sol plate -- une pigouille amarrée au mat et reposant sur la dame de nage de godille fait un faîtage correct pour une bâche de protection... étudier le sens du vent dominant.
8 -- 4/5 heures de nage par jour sont "fatigantes"... aussi pour le cou.. mais permettent des traites de 20 /25 km.
9 -- Si Éole s'en mêle....seulement au portant.....on embarque la marcheuse...et vogue la galère.... on peut alors espérer 30/35 km par jour ... :roll:
10 -- -- A consommer sans modération
:smt006 :smt006 :smt006
Souques Matelot .... , c'est loin l'Amérique !!
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